« I'm...No, i'm just kidding. Or Not... ; PV Joe. (L'

« I'm...No, i'm just kidding. Or Not... ; PV Joe. (L' 36-1

« I'm...No, i'm just kidding. Or Not... ; Joe & Aria (L'

« So I won't hesitate no more, no more
It cannot wait I'm sure
There's no need to complicate
Our time is short
This is our fate, I'm yours. »

Aria avait la tête dans le frigo, et elle mangeait tout ce qui lui tombait sous la main. Des carottes, de la pizza, de la confiture, peu importe. Elle avait faim, anormalement faim. Elle sentit soudain une main se poser sur son épaule et se retourna, pour se retrouver face à un Joe complètement ébahi, les yeux écarquillés. Bah quoi, elle avait la tête recouverte de confiture ? Puis elle sentit quelque chose bouger...à l'intérieur de son corps. Suivant le regard effrayé de Joe...elle constata que son ventre était...énorme. Ce n'était pas normal, elle n'était pas aussi...grosse, si ?! Fronçant les sourcils, les yeux fixés sur son ventre en forme de ballon, elle sentit alors à nouveau...quelque chose bouger. Donner des coups. Elle posa sa main sur son ventre, puis leva les yeux vers Joe, qui bredouillait des mots incompréhensibles. Quelques secondes plus tard, elle réagit enfin ce qui se passait, pourquoi son ventre était aussi gros, pourquoi elle avait aussi faim...pourquoi elle trouvait Joe aussi sexy. C'était parce qu'elle était...

o3 heures 52. Aria entrouvrit un œil, puis l'autre. Inquiète, elle posa sa main sur son ventre, mais tout était normal. Elle poussa un petit soupir de soulagement. Tout était normal, vraiment ... ? Non, elle avait..faim, très faim. Sans trop réfléchir, Aria sortit de son lit. Elle avait besoin de manger quelque chose. Elle se retourna et jeta un coup d'oeil à Joe, qui dormait à poings fermés. Elle se leva et se dirigea vers la cuisine. La jeune femme ne portait qu'un mini short bleu & un débardeur de la même couleur, mais elle n'avait pas froid. Elle ouvrit le frigo et passa en revue toute la nourriture s'y trouvant. Hum, du beurre. Non, pas bon. Une tablette de chocolat. Ouai, mais plus tard. Des pâtes. Nan, pas envie. Du...poulet ? Ouai, du poulet. Aria sortit l'assiette ou gisaient des restes de cuisses de poulet. Chaud...ou froid ? Non, elle n'allait quand même pas se mettre à chauffer des cuisses de poulet à bientôt 4 heures du matin. Elle mordit dans l'une des cuisses de poulet froide, et s'installa à la petite table de la cuisine. Quelques minutes à peine plus tard, elle avait finit d'engloutir cinq cuisses de poulet plus une tablette de chocolat entière. Huum, elle se sentait mieux, beaucoup mieux le ventre plein. Elle posa l'assiette vide dans l'évier, jeta le papier d'emballage du chocolat à la poubelle, et se redirigea vers sa chambre. Joe n'avait pas bougé. Elle alla se recoucher à ses côtés et se rendormit en quelques minutes.

6 heures 28. Aria ouvrit brutalement les yeux, en proie à une drôle de sensation. Posant une main sur son ventre, elle se redressa doucement et inspira & expira plusieurs fois posément, essayant de faire passer l'espèce de malaise qui s'était emparé d'elle. Mais quelques secondes à peine plus tard, Aria se leva d'un bond et se dirigea en courant vers la salle de bain. Une fois agenouillée devant la cuvette des toilettes, elle vomit.

Après une vingtaine de minutes passées agenouillée devant la cuvette des toilettes, à inspirer et expirer à fond, essayant tant bien que mal de faire passer ce drôle de malaise qui s'était emparé d'elle, elle finit par se redresser et tira la chasse. Elle regarda un moment autour d'elle, et son regard s'arrêta sur un paquet de tampons, posés sur l'étagère juste au dessus de l'évier. Une minute...Aria attrapa le paquet de tampons, qui était encore plein. Elle se laissa tomber au sol et, avec un air complètement affolé collé sur le visage, elle se mit à compter sur ses doigts. Des bruits de pas se firent entendre derrière elle. Joe. Elle pouvait le deviner, ce n'était pas Jude puisque cette dernière s'était éclipsée, leur laissant l'appartement pour la nuit, et la journée aussi sans doute. Non, ce n'était pas possible. Non, non, NON ! Elle compta une énième fois sur ses doigts, mais il n'y avait pas d'erreur. Elle leva les yeux vers Joe, et essaya d'adopter une mine...normale, mais impossible. Son corps s'était mis à trembler, elle se sentait prise de vertiges. Non, ça ne pouvait pas être vrai, non. Elle ne pouvait pas, ils ne pouvaient pas. Pas maintenant, du moins. Elle baissa les yeux vers le paquet de tampons qu'elle tenait toujours entre ses mains. Joe devait se demander ce qu'elle foutait ; si elle était malade ou..autre chose. Bah c'était autre chose. Elle voulait dire quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle ne pouvait pas lui dire la vérité, ce qu'elle venait de réaliser. Elle ne pouvait pas, car si il le savait, il ferait une crise cardiaque, là, dans la salle de bains. Elle entendait ce mot résonner dans sa tête, comme une sentence irrévocable. Enceinte. Elle était enceinte. De Joe.
Et Merde. C'était le cas de le dire.

Cette nuit, Joe n’avait pas entendu Aria se lever, et ce matin il ne l’avait pas entendu se précipiter dans la salle de bain. Et ce, tout simplement parce qu’il dormait profondément, comme un bébé, et ce sommeil était bien loin d’être perturbé par un quelconque rêve au sujet de future progéniture, de grossesse surprise, d’enfant et j’en passe… Oh non, rien de tout ça ! De toute façon, le jeune homme ne se souvenait jamais de ses rêves, sauf quand il se réveillait en sursaut. Pour le coup, les traits si détendus de son visage reflétaient le bien-être dans lequel il était bercé. Mais passer 20 bonnes minutes sans Aria eut pour simple effet de le réveiller. Il ouvrit lentement les yeux, passant sa main sur le lit, à ses côtés, et prit alors conscience qu’elle n’était plus là. Il tourna la tête, cherchant à poser son regard sur le radio réveil, pensant qu’elle l’avait juste laisser profiter un peu de ce calme pour rattraper ses heures de sommeil en retard. Ces derniers temps il avait un peu de mal à dormir, ou alors ses nuits n’étaient pas complètes. (On ne se demande pas pourquoi, hein ! (a)) Bref, là il eut la surprise de voir qu’il était tôt, et le fait de se retrouver seul au lit n’était pas quelque chose de normal.

Joe se redressa, baladant son regard dans la chambre, comme si ce dernier cherchait le moindre indice concernant la « disparition » de la belle. Il se demandait bien ce qui avait pu la tirer du lit, et par la même occasion de ses bras, de si bonne heure. Et ne trouvant pas de réponse à cette question, il s’assit sur le bord du lit, chercha à tâtons son t-shirt, mais ne prit cependant pas le temps de le passer, trop pressé de savoir où Aria était, il s’était levé. N’allez pas croire que les deux tourtereaux étaient devenus inséparables, ne pouvant pas vivre l’un sans l’autre plus de trois minutes… Si Joe adoptait une telle attitude, se montrant curieux, c’est que pour lui il se passait quelque chose. Il avait l’habitude de se réveiller avec la jolie demoiselle dans les bras, et là : personne.

Ce n’est qu’après quelques minutes, qu’il remarqua que la salle de bain était occupée. Aria le surprenait vraiment… Il s’avança, tout en se passant une main sur le visage comme pour finir de se réveiller, gardant son t-shirt qu’il avait précédent « balancé » sur son épaule. Il n’aurait rien eu contre encore quelques petits instants à traîner au lit, et cela en compagnie de la belle. Mais non, cette dernière avait eu de toutes autres envies visiblement, et Joe était loin de se douter de quoi il s’agissait. Ouvrant doucement la porte de la salle de bain, le jeune homme découvrit alors une Aria aux traits assez marqués et fatigués, les cheveux légèrement en bataille et pourtant, elle était à croquer dans son petit short bleu… Elle tenait sa boite de tampons, et semblait visiblement un brin paniquée. Il la fixa, fronçant quelque peu les sourcils, l’interrogeant d’un simple regard. Ca n’allait pas ? Elle resta là, sans rien dire, et Joe trouvait cela de plus en plus bizarre. Histoire de la détendre, il se décida alors à briser le silence…

« Qu’est-ce qu’il y a ? Ils ont un problème tes tampons ? »

demanda-t-il en les désignant d’un signe de tête, tout en esquissant un léger sourire amusé.

Mais non, ça ne la faisait pas sourire, loin de là, et justement ça inquiétait un peu Joe. Pourquoi était-elle ainsi figée et silencieuse dans la salle de bain, face à lui avec ce paquet dans les mains. C’est bien connu, dans ce genre de situations les hommes sont bien mal renseignés, et ne pensent surtout pas aux retards et aux bébés en premier lieu. Pour eux, la femme a un souci, elle s’est trompée en achetant le paquet par exemple, ou autre… Mais il ne pensait pas au petit accident de parcours. Il la regardait, attendant qu’elle réagisse, mais rien ne venait.

« Aria ? Ca va ma belle ? »

S’il s’était douté de l’ampleur de la chose, de la situation actuelle, il n’aurait peut-être pas posé la question. Oup’s !

Aria était incapable de bouger. Elle restait assise là, sur le sol carrelé de la salle de bain, les yeux écarquillés comme si elle avait vu un fantôme. Ce n'était pourtant pas le cas, mais ce qu'elle venait de réaliser était sans doute pire que d'apercevoir un fantôme. Qu'allaient-ils faire, hein ? Elle ne pouvait pas garder cet enfant; Si ?! En tout cas, elle savait pourquoi elle avait eu cette envie de vomir au réveil, ce n'était pas à cause du poulet qu'elle avait mangé en pleine nuit. C'était des nausées matinales. Parce qu'elle était enceinte. Enceinte. Ce mot résonnait encore dans la tête de la jeune femme et elle n'arrivait pas à l'arrêter.

Après un instant de silence, Joe finit par parler. Il voulait sans aucun doute alléger la situation, de toute évidence il n'avait pas compris ce qui se passait. Et c'était tant mieux, car elle avait l'étrange impression que si elle lui disait la vérité, il risquait de faire une crise cardiaque. Elle inspira et expira profondément, et finit par laisser la boite de tampons tomber à côté d'elle.

« Hum.. »

Elle ne pouvait pas le dire. Et pourtant, elle le devait. Elle déglutit et essaya de se relever, mais elle n'avait plus de forces. Elle se sentait un peu mal, pas parce qu'elle avait encore envie de vomir, non, mais parce qu'elle se rendait compte de la situation, qui n'était pas simple, loin de là. Et si Jude l'apprenait, que penserait-elle ?! Et si Kelsey pensait qu'Aria était enceinte de Nick ?! Ce qui n'était pas possible, étant donné qu'elle n'avait pas couché avec Nick depuis plus de deux mois maintenant, & qu'elle avait eu ses règles entre-temps. Et si, en l'apprenant, Joe la quittait ? Que ferait-elle, seule ? Qui viendrait lui tenir la main et l'accompagner à l'hôpital pour avorter ? Sans Joe, ce n'était même pas la peine de penser à garder l'enfant. Parce que, avec Joe, elle y pensait ? Peut-être pas, elle ne savait pas, elle n'était pas en état de réfléchir correctement à la situation maintenant, de toute façon. Elle ne pouvait pas élever un gamin, alors qu'elle n'habitait même pas avec Joe & qu'elle n'avait pas d'emploi fixe. Mais sa mère pourrait s'occuper de l'enfant de temps en temps, non ? Elle vivait à Sacramento, après tout. Non, non & Non! Elle ne pouvait décemment pas garder cet enfant. Quoique...Elle se retint de se frapper pour se remettre les idées en place, et releva la tête vers Joe, qui la regardait avec un air inquiet. Tellement plongée dans ses pensées, elle vit les lèvres de Joe bouger, mais n'entendit pas ses paroles. Elle devait lui dire. Maintenant; ou jamais. Elle ne pouvait pas attendre, elle ne devait pas attendre.

« Je...»

Les mots ne sortaient pas de sa bouche. Elle n'arrivait pas à les dire, elle savait que si elle le disait à voix haute, cette réalité prendrait de l'ampleur, et elle n'en avait pas vraiment envie. Pourquoi, pourquoi était-elle enceinte ? Comment ça avait pu arriver ? Comment...hum, elle le savait bien, comment on faisait les bébés, mais bon, ils s'étaient à chaque fois protégés. Elle se souvint alors d'un épisode de Friends, lorsque Rachel annonce à Ross qu'elle est enceinte de lui. Il ne bouge pas pendant plus d'une vingtaine de minutes suite à cette annonce. Et les paroles de Rachel lui reviennent alors en mémoire.
« Tu sais, Ross, les préservatifs ne sont fiables que dans 97 % des cas... »
97 %. 3 % des chances ou ça foire. Et voilà, qu'Aria se retrouvait dans ce cas. Jamais elle ne s'était sentie aussi faible, jamais elle n'avait eu autant peur de sa vie. En même temps, jamais elle ne se serait imaginée tomber enceinte par accident.
Elle inspira à fond et jeta un regard noir à la boite de tampons, comme si c'était de sa faute si elle était enceinte. Puis elle reprit un air..à peu près normal et leva les yeux vers Joe. Elle devait lui dire. Elle allait le faire, ils décideraient ensuite de ce qui serait bon pour eux. Gloups.

« Joe je...

non, elle ne pouvait pas, elle n'allait pas y arriver. Elle avait froid, dans son petit short bleu. Elle avait encore faim. Et elle trouvait Joe trop, beaucoup trop sexy. Elle secoua légèrement la tête pour chasser ces pensées, et finit par reprendre la parole, le cœur battant.

Je suis...

elle voyait déjà Joe vaciller et tomber dans les pommes. La voix tremblante, elle finit par achever sa phrase

. Je crois que je suis enceinte. »

Aria avait bien du mal à lui répondre. Elle semblait ailleurs, rêvassant complètement, comme déconnectée de la réalité. Et Joe attendait pourtant qu’elle réagisse, qu’elle lui explique ce qui n’allait pas. Mais il n’avait pas de réponse… Du moins elle n’était pas claire, se résumant à quelques mots. Il la fixait, ne tentant même plus de cacher son interrogation, mêlée à un brin d’inquiétude qui le gagnait doucement. Il n’aimait pas ce silence, la voir ainsi assise par terre, incapable de parler, de réagir. Pourtant elle semblait essayer de le faire, sans grand succès. Après quelques tentatives loupées, elle finit par lâcher la boite de tampons, tout en lâchant un profond soupir. Elle cherchait à se donner du courage ? Mais pourquoi ? Joe se posait un tas de questions… Pour tout avouer, il n’avait jamais dû autant se questionner depuis qu’il connaissait Aria, et davantage depuis qu’ils entretenaient une relation plus qu’amicale. Sans doute parce qu’il tenait à elle bien plus qu’il n’avait jamais pu l’imaginer et qu’il s’en faisait pour elle. En même temps, n’importe quel homme aurait eu une telle réaction à sa place, en trouvant sa petite amie dans cet état dans la salle de bain, à cette heure si matinale.

« Tu… ? »

Il plongea son regard dans le sien, tentant de lui montrer qu’elle n’avait rien à craindre, qu’elle pouvait lui parler sans avoir peur d’être jugée, comme toujours. Mais elle hésitait, elle ne parvenait pas à lui dire ces quelques mots si difficile à sortir. Il ne comprenait pas, n’avait pas encore fait le moindre rapprochement entre sa mine fatiguée et pâle, les tampons, son air défait… Certes c’était le matin, il ne fallait pas trop lui en demander, mais tout de même ! Il allait se rapprocher d’elle, quand elle réussi enfin à se confier. Joe se figea sur place, le regard toujours en direction de la belle, mais dans le vague. L’annonce avait eu l’effet d’une gifle, le sonnant quelque peu. Il venait de faire un blocage, fermant doucement les yeux, comme pour s’assurer qu’il était bien réveiller, qu’il avait bien entendu, qu’il n’avait pas eu une extraordinaire hallucination. Elle croyait qu’elle était quoi… ?

« Enceinte, tu dis ? »

Mais quand ? Comment ? Pourquoi ? Je vous rassure, Joe était un grand garçon, il savait bien comment on faisait, mais ces questions étaient comme inévitable. Pourquoi maintenant ? Et comment ? Enfin ce n’était pas comme s’ils ne s’étaient pas protégés… Ils avaient fait attention, alors pourquoi eux ? Il était perdu… Quelques mots avaient suffit à le déstabiliser comme jamais. D’autres questions suivirent, qui lui firent bien moins plaisir, et qu’il tentait de chasser de son esprit. Il n’y avait pas si longtemps il avait appris quelques petites choses sur le passé d’Aria, sur des erreurs passées, et bien entendu ses actuelles interrogations se rattachaient à ça. On ne pouvait pas le lui reprocher, sa réaction était totalement naturelle et humaine, même avec la confiance la plus totale que l’on puisse avoir en sa compagne. Nick ? Non… Il ne voulait pas imaginer une telle chose.

Reprenant peu à peu ses esprits, il remarqua qu’Aria était mal. Son silence ne devait pas être très facile à supporter. Il n’avait prononcé que quelques mots, et ces derniers n’étaient qu’une question rhétorique. Elle devait être mal, et il le comprenait parfaitement… Mais là, il avait besoin de temps pour encaisser la nouvelle. Il était loin de s’imaginer père, d’imaginer sa belle avec un petit ventre rond, portant alors le fruit de leur amour, un brin accidentel et inattendu. Joe ne pouvait pas cacher son étonnement, ses doutes, même avec la plus grande volonté que l’on puisse avoir, il en était incapable. Il en était désolé pour Aria, mais il ne pouvait pas faire semblant… Et là, il avait plus peur qu’autre chose, le cœur lourd d’appréhensions.

« Je… Eum… T’es sûre ? »

Aria baissa les yeux, évitant le regard de Joe. Elle savait qu'elle devait lui confier ses doutes, pour que leur relation marche, mais là..c'était plus qu'un doute, presque une certitude. Elle ne pouvait pas faire comme si de rien n'était.

Joe finit par parler, et elle leva lentement la tête et acquiesça. Enfin, sûre...pour en être sûre, il aurait fallu qu'elle descende et marche jusqu'à la pharmacie acheter un test de grossesse. Et il n'était que 7 heures du matin, même pas. Elle ne voulait pas voir la réponse du test, qui afficherait sûrement le mot qu'elle n'avait pas envie de lire. Positif. Elle ne voulait pas avoir un enfant. Enfin si, toutes les jeunes femmes rêvent d'être mamans, un jour...mais pas maintenant, elle n'était pas prête à avoir un enfant. Elle ne sortait avec Joe que depuis...un mois environ. Si ils étaient ensemble depuis plus de temps, fiancés ou Dieu sait quoi, d'accord, peut-être qu'elle pourrait envisager la possibilité de garder l'enfant. Mais là, non.

Elle finit par soupirer. Elle devait se lever, elle avait froid, trop froid. Le carrelage était glacé sous ses fesses. Elle avait faim. Encore. Elle ne savait pas trop quoi penser de la situation ; elle savait bien qu'elle ne garderait pas cet enfant...à moins que Joe lui supplie de le garder, ce qui l'étonnerait quand même beaucoup. Aria était terrorisée. Elle avait pourtant espéré ne jamais se retrouver dans une situation pareille. Mais apparemment Dieu n'avait pas entendu ses prières. Ou était trop occupé pour s'occuper d'elle. Après un moment, elle finit par parler.

« Hum...pour être sûre & certaine, je devrais faire un test de grossesse...mais je sais qu'il sera positif de toute manière. »

Test qu'elle n'avait pas tellement envie de faire ; parce que si c'était pour voir ce saleté de mot qui lui confirmerait sa situation. Elle savait bien qu'elle présentait tous les symptômes de la grossesse, et ce test ne ferait que confirmer la chose. Nausées matinales, brusques envies de manger..;et je ne vous parle même pas de son étrange excitation lorsqu'elle voyait Joe.
Aria finit par se lever avec peine, s'aidant de l'évier comme appui. Elle passa une main tremblante dans ses cheveux, et croisa son regard dans le miroir. Elle avait une mine...de déterrée, c'était le cas de le dire. D'immenses cernes sous les yeux, complètement décoiffée et le teint blanc comme un linge. Elle avait mal au ventre. Inspirant à fond une fois pour faire passer l'envie de vomir qui s'était à nouveau emparée d'elle, elle finit par faire face à Joe. Il semblait..abasourdi par la nouvelle. En même temps, il y avait de quoi.

Une chose dont elle était certaine, c'était que cet enfant n'était pas de Nick; c'était impossible, car ils n'avaient plus couchés ensemble depuis un bon bout de temps, et si elle avait été enceinte de lui, les symptômes se seraient présentés beaucoup plus tôt. Elle finit par murmurer, histoire de rassurer Joe ; car elle le voyait déjà aller foutre un pain à Nick pour avoir mise sa chérie enceinte.

« Et, hum..c'est toi le père hein. »

Elle resta un long moment silencieuse après cette..révélation, bien que Joe devait se douter qui était le père. Elle se sentit soudain prises de vertiges, et se rassit à même le sol, la tête entre ses mains. Elle se voyait avec un énorme ventre, se baladant pieds-nus dans l'appartement vide, pleurant à chaudes larmes et tenant dans sa main un mot, écrit de la main de Joe. « Je ne peux pas, désolée. Adieu. » Voilà les cinq mots, les derniers mots que Joe lui auraient dit. Elle ne voulait pas que cela arrive. Elle avait tellement peur qu'il prenne la fuite, l'abandonne à son triste sort.
A nouveau, cette envie de vomir la prit, mais vomir devant Joe était bien la dernière chose qu'elle avait envie de faire. Elle inspira plusieurs fois à fond, et des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Elle ne fit rien pour les arrêter, et murmura comme pour elle-même.

« J'ai peur...Qu'est ce qu'on va faire ? »

En être sûre… Est-ce qu’elle l’était ? Joe se le demandait. La brunette répondit qu’elle allait devoir faire un test pour en avoir la certitude, mais elle se doutait déjà du résultat. Mais bien sûr, le fameux test, redouté par toutes les femmes, désireuses ou non de tomber enceinte ! Comment l’oublier ? Rien de plus simple, il suffisait d’être aussi sonné que le jeune Degray suite à une telle annonce. Il n’était pas fier de sa réaction, mais il n’y pouvait rien, ce genre de chose n’étant vraiment pas contrôlée. Une cascade de questions, d’interrogations, avec une qui revenait souvent : « Pourquoi nous ? ». Quand une grossesse n’est pas attendue, qu’elle n’a pas été désirée, on ne sait pas quoi faire, on est complètement perdu.

Cela pouvait très bien se lire dans les yeux de Joe, et cela n’était que le simple reflet de ce qu’il pouvait trouver dans ceux d’Aria. Elle s’était relevée avec peine, et lui, ayant du mal à réagir, encore sous cet espèce de choc, étrange et quelque peu désagréable, il n’eut pas le réflexe de l’aider. Elle n’avait vraiment pas l’air bien, et l’inconnu l’effrayait tout autant. Joe passa sa main sur son visage, soupirant doucement, puis s’empara de son t-shirt, et l’enfila. Il finit par s’appuyer contre l’encadrement de la porte de la salle de bain, croisant les bras sur son torse. Que faire ? La question cognait et résonnait dans sa tête. Il n’y avait plus de doute à présent il était réveillé, et ce correctement. Ca avait été aussi efficace qu’une douche froide… D’une petite voix, elle lui affirma le fait qu’il était bien le père de cet enfant. Même s’il avait confiance en elle et en sa fidélité, il ne pu s’empêcher de s’en sentir soulager. Entendre ses quelques mots rassurants sortir de sa bouche faisait du bien, dans cet instant délicat.

Puis le silence se fit. Pour sa part il n’ajouta rien… Qu’est-ce qu’il pouvait dire de plus de toute façon ? Rien, sans savoir d’avance que ça ne servirait à rien. Aria finit par se rasseoir, et aussitôt le regard de Joe se posa sur elle, l’inquiétude éveillant ses sens et ses réflexes. Il l’observa quelques secondes, et vit finalement des larmes rouler sur ses fines joues. Son cœur se serra doucement en la voyant si mal, si désemparée… Impossible de l’aider plus qu’en étant présent. Mais ça n’était pas assez pour lui ! Rien ne pouvait être suffisant ! Il s’approcha d’elle doucement, s’accroupit pour être à sa hauteur, alors qu’elle semblait se demander ce qu’ils allaient faire, confiant alors sa peur.

« Chut… D’abord, calme-toi… »

Il esquissa un semblant de sourire qu’il espérait être rassurant. Il tentait, mais n’était pas vraiment convaincu de son effet. Il passa sa main sous le menton de la belle, lui relevant le visage comme pour la forcer en quelque sorte à le regarder. Elle avait peur, il en avait conscience, et lui-même n’était pas rassuré. Il ne voulait pas qu’elle soit effrayée par rapport à lui. Hors de question qu’elle pense qu’il était capable de l’abandonner ; de la mettre enceinte et de fuir… Impossible de la laisser seule face à ça, il avait sa part de responsabilité, il assumait, il allait la soutenir, l’aider…

« On va faire ce que tu voudras, ce que tu penses être le mieux pour toi, pour nous, pour… lui. Je serais là, si c’est cette question qui te fait peur ; et je te soutiendrais, qu’importe le choix que l’on fera. »

Il insistait bien sur ce fait. Elle était au centre de tout cela, c’était elle qui comptait le plus, qui importait à ses yeux. Il n’allait pas lui imposer le moindre choix, il fallait qu’elle réfléchisse, qu’elle se pose les bonnes questions, qu’elle se projette et évalue ce qu’elle ressentait. Il ne savait pas comment s’y prendre, mais la voir si perdue renforçait son envie de la protéger. Joe plongea son regard dans le sien, et essuya de son pouce la dernière larme qui coulait sur sa joue.

Pourquoi, pourquoi elle, pourquoi eux ? Cette question tournait en boucle dans sa tête, sans qu'elle n'y trouve une réponse plausible. Pendant un moment, une fraction de seconde, elle se dit alors qu'elle n'aurait peut-être pas dû revenir à Sacramento. Cette ville lui rappelait tant de souvenirs, et pas forcément des bons. Elle aurait dû rester à Yale, étudier encore quelques années peut-être, puis elle se serait installée dans le coin et aurait réussi à vivre de sa plus grande passion..cachée, l'écriture. Mais elle regretta rapidement d'avoir pensé cela. Si elle n'était pas revenue, jamais elle n'aurait revu Joe. Jamais elle n'aurait réalisé ses sentiments, ils ne seraient pas ensemble à l'heure qu'il était. Et c'était une chose qu'elle n'échangerait pour rien au monde, être avec lui.

Aria avait peur. Non, plus que ça, elle était terrifiée. Elle s'imaginait déjà avec le ventre énorme comme un ballon, et des drôles d'envies de glaces à 2 heures du matin. Elle se voyait déjà en train de pleurer pour un rien, et de hurler sur Joe pour des broutilles. Non, elle ne voulait pas lui hurler dessus, pas question. Et puis, de toute façon, elle ne savait même pas si elle, si ils allaient garder cet enfant. Ils n'avaient que 20 ans, pas d'emploi fixe. Mais ils s'aimaient. Cet enfant, bien qu'il soit un accident, était le fruit de leur amour ; et pour le moment Aria avait un peu de mal à penser au fait d'avorter.

Elle leva les yeux alors que Joe s'accroupissait à sa hauteur. Pendant une fraction de seconde, elle eut l'impression qu'il était..en train de se mettre à genoux, et eut l'impression que son cœur allait éclater. Mais non, elle n'avait que de drôles d'hallucinations, Joe n'allait pas la demander en mariage, mais il se contenta de lui murmurer quelques paroles, l'incitant d'abord à se calmer. Se calmer, hein. Difficile, mais Aria essaya tout de même. Elle inspira à fond quelques minutes, mais elle pensait toujours à ce qu'elle avait cru voir quelques secondes à peine plus tôt, elle n'arrivait pas à s'enlever une image d'un Joe agenouillé devant elle. Bordel, elle devait arrêter de s'imaginer des choses. Et une demande en mariage, d'où ça sortait, encore ? Elle secoua la tête, et son cerveau recommença à fonctionner normalement alors que Joe se remettait à parler.
Ce qu'elle voulait...elle ne savait pas ce qu'elle voulait. Elle avait essayé de s'imaginer les deux extrêmes depuis qu'elle avait compris qu'un mini Joe, ou une mini Aria, était en train de se former dans son ventre. Le garder...cela poserait des tas de problèmes. Ils n'avaient tout deux pas d'emplois fixes, ne partageaient pas d'appartement, n'avaient pas les moyens d'élever un enfant, et ils ne sortaient ensemble que depuis un mois environ, même si ils avaient commencé leurs..conneries plus de trois ans plus tôt, leur relation n'était sérieuse que depuis un mois environ. Mais d'un autre côté...Aria ne pouvait se résoudre à avorter, elle avait peur de penser à cette solution. Tuer l'être qui commençait à peine à grandir en elle ? Ça lui faisait du mal ; elle aurait l'impression d'être responsable de la mort de quelqu'un. Elle renifla et leva les yeux vers Joe, elle sentit la main de ce dernier se poser sur son visage pour essuyer l'une de ces larmes, et elle se sentit parcourue de frissons de haut en bas. Elle déglutit et essaya de se calmer, n'était simplement Joe après tout..mais même après trois années à le côtoyer il lui faisait toujours autant d'effet.

« Je...ne sais pas. Je veux dire... on a seulement 2o ans après tout ; et je sais pas si je pourrais élever un enfant, si on pourra le faire...C'est pas pareil si on avait décidé de faire un gosse, là c'est juste un accident..Si on sortait ensemble depuis plus longtemps, qu'on avait un emploi fixe ou encore qu'on était mariés, mais là...En même temps, si on le gardes pas...Je sais pas je..»

Soupir. Ses paroles n'avaient pas vraiment de sens, elle parlait sans dire des choses concrètes, elle ne disait pas clairement « Oui, je veux le garder » ou « Non, Je vais à l'hôpital aujourdh'ui. » . Mais elle ne pouvait pas prendre cette décision à la légère ; même si c'était un accident, que cet enfant n'était pas voulu...Ooh, elle ne savait pas, tout se mélangeait dans sa tête. Elle était incapable de réfléchir correctement, d'autant qu'elle se sentait de plus en plus..bizarre de secondes en secondes. Joe était tellement près, elle regrettait qu'il ne porte pas de cravate, elle aurait pu le prendre par la cravate et puis..mais pourquoi est ce qu'elle pensait à des choses pareilles, hein ?! Elle secoua la tête, essayant de faire sortir ces pensées...un peu perverses de sa tête. Et soudain, elle pensa à Joe, à genoux devant elle. Non, non et Non ! Inspire, expire. Ne pense à rien. Rien du tout. Elle se mordit la lèvre inférieure. Non, elle savait qu'elle ne se sentait pas prête à élever un enfant. Pas maintenant, du moins.

« Je..suis pas prête, je crois pas que je serais capable d'élever un enfant maintenant.

Elle poussa un soupir, et termina sa phrase dans un murmure.

Mais en même temps, avec toi à mes côtés, je sais qu'on pourrait face face à n'importe quoi. »

Après un instant de silence, elle finit par esquisser un sourire.

« Merci...»

Pourquoi ? Pour tout. Pour être là, la soutenir...l'aimer, tout simplement.

La peur… Le doute… Des sentiments assez fort quand on y pense, qui naisse au plus profond de soi, sans que l’on puisse les maîtriser, ni même le voir venir. Ils prennent racines dans le cœur, y germent et y grandissent jusqu’à l’étouffer littéralement. On en prend conscience, et quand c’est le cas, il y est souvent trop tard pour y remédier. On est face à ces craintes, incapable de bouger, de réagir, de changer la donne. L’annonce que lui avait fait Aria avait eut cet effet, et le choc avait été extrêmement rapide. Comme un électrochoc qui l’aurait sorti d’un songe, le faisant redescendre sur Terre avec violence, chutant du beau nuage de coton sur lequel il se trouvait depuis un bon mois à présent ; sur lequel la jeune femme avait réussi à l’emmener.

Etaient-ils prêts pour ça ? Il en doutait, et la confusion s’emparait doucement de son esprit. Il n’arrivait pas à réfléchir calmement, à se poser les bonnes questions. Dans le fond, il était assez partagé ; et ce entre la surprise de cette nouvelle, la peur, et puis aussi une part de bonheur. C’était étrange. Mais comment ne pas ressentir un peu de joie, même infime, quand on vous parle de bébé ? Impossible… Enfin pour le coup, Joe flippait plus qu’autre chose, il était loin de sauter de joie ! Il le dissimulait tant bien que mal pour qu’elle ne le perçoive pas, se contentant d’être présent pour elle. Aria ne devait pas penser à lui, du moins pas en premier plan. Il passait après, et à ses yeux ce qui importait était le bien être de sa petite amie. Ce genre d’épreuve s’affronte à deux, il le savait et le lui montrait. Joe était loin d’être comme tous ces lâches qui mettent une fille enceinte et lui lancent froidement que c’est son problème, qu’elle a qu’à se faire avorter et basta’ !

Comment la rassurer ? Comment trouver les bons mots, les mots justes pour l’apaiser et la rassurer ? Il essayait, n’étant pas vraiment sûr de lui. Mais il parlait avec le cœur et ça se voyait. Ce qu’ils allaient faire ? D’après lui suivre les envies de la belle. En aucun cas il allait la pousser à faire ce qu’elle ne voulait pas, lui imposer son propre choix. Ce petit être grandissait en elle, et il était bien normal qu’elle décide de ce qui était bon pour elle, pour eux deux. Joe voyait bien qu’elle était mal, complètement perdue, et il se sentait impuissant face à tout ça. Il ne savait pas quoi faire, ou dire de plus pour l’épauler. Aria lui confia alors qu’elle ne savait pas, soulignant alors le fait qu’ils étaient jeunes, qu’il était sans doute trop tôt pour avoir un enfant, qu’ils auraient du mal à l’élever… Mais pourtant, elle termina par un « je ne sais pas ».

« Ce n’est pas une décision qui se prend à la légère, si facilement… Il faut prendre le temps de réfléchir, au calme. »

Lui non plus n’était pas prêt ; il était bien loin de l’être. A sa dernière phrase il ne pu s’empêcher de la prendre dans ses bras. Ca le touchait vraiment, car il avait comme la certitude qu’il parvenait à son but, qu’il la rassurait et qu’il était alors pour elle une épaule solide sur laquelle elle pouvait prendre appuis. Elle pouvait compter sur lui, et le message était passé. Elle avait l’impression qu’avec lui elle pouvait tout affronter, et ces simples mots lui allaient droit au cœur. Puis s’en était suivi un merci, doux et prononcé d’une voix calme, après quelques instants de silence.

« Merci ? Pourquoi ? »

Pour lui c’était une évidence tout ce qu’il faisait. Il était tout aussi responsable qu’elle, non ? Bien sûr il ne portait pas l’enfant, mais sans lui ce bébé n’existerait pas. Ils l’avaient fait à deux, ils allaient faire face à deux. Joe était présent, et ce de la façon la plus naturelle qui soit, il réagissait spontanément, avec franchise et honnêteté, car il l’aimait et que rien ne pouvait se mettre en travers de ça.

Ce n'était pas une décision à prendre à la légère, elle le savait bien. Elle ne pouvait pas dire tout de suite si elle voulait garder cet enfant ou pas, c'était une chose à laquelle elle devait réfléchir avant, peser le pour et le contre. Mais dans tous les cas, elle savait que Joe serait là, pour lui tenir la main jusqu'à hôpital si elle décidait d'avorter, ou lui tenir les cheveux lorsqu'elle aurait ses nausées matinales si elle décidait de garder l'enfant. Elle se sentait rassurée de savoir que Joe ne prendrait pas ses jambes à son cou, comme beaucoup de garçons le font dans ce genre de situations.

Joe la prit alors dans ses bras, elle elle enfouit sa tête dans son cou, avant de fermer les yeux. C'était sans aucun doute le seul endroit où elle se sentait bien, où elle savait que rien ne pouvait lui arriver, que quoi qu'il se passe, Joe serait toujours là pour elle. Elle murmura donc un petit merci.

Pourquoi ? Pour tout. Parce qu'il avait toujours été là pour elle, depuis le début. Même lorsque leur relation était...disons bancale, lorsqu'ils étaient encore à l'université, il avait toujours été là pour elle, Aria savait déjà qu'elle pourrait toujours compter sur lui.
Et puis maintenant, dans ce moment..qui fait assez flipper les hommes - comme les femmes d'ailleurs, sauf qu'elles le cachent beaucoup mieux -, Joe se montrait...le plus adorable du monde. Elle s'était attendue à le voir s'enfuir en courant, prendre un air complètement paniqué, vomir à son tour, rejeter la faute sur elle. Mais non. D'accord, il avait mit un peu de temps pour digérer la nouvelle, ce qui était totalement normal. Mais il n'était pas parti, non, il restait là, elle le resterait toujours.

Enfin, elle comprenait en même temps pourquoi Joe se posait cette question. Il devait peut-être penser que c'était de sa faute si elle se retrouvait enceinte. Ce qui n'était pas faux...mais pas vrai non plus. Ils étaient deux quoi, il fallait être deux pour faire un enfant. C'était de leur faute à tous les deux. Et à ces saletés de préservatifs fiables à 97 % . Elle s'écarta de Joe et le regarda dans les yeux un moment en silence, avant de répondre à sa question.

« Pour tout. D'être là, avec moi, de me soutenir. Je sais que beaucoup d'autres seraient déjà partis en courant. »

Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure et esquissa un sourire. Elle ne savait pas ce qu'ils allaient faire, ce qu'elle allait décider, mais elle n'avait pas envie d'y réfléchir maintenant. Parce qu'il était bientôt 8 heures du matin...et qu'elle avait encore faim. Et elle devait aller acheter un test de grossesse. Même si elle était quasiment certaine que ce dernier serait positif. Hum..et si il était négatif, hein ?
Aria finit par se lever, elle jeta un coup d'oeil rapide dans le miroir. Elle avait une tête de déterrée, mais bon, elle ferait avec. Elle passa une main dans ses cheveux et se retourna vers Joe.

« Je..crois que je vais aller à la pharmacie. Maintenant. »

Elle se mordit la lèvre, déjà angoissée à l'idée que le test de grossesse confirme ses énormes soupçons. Elle se dirigea rapidement vers sa chambre et s'habilla vite fait, elle ne prit pas la peine de se coiffer et se maquiller ; puis elle prit son sac posé sur le canapé du salon. Elle se retourna vers Joe.

« Je reviens dans cinq minutes. »

Elle s'approcha de lui et lui déposa un baiser sur sa joue mal rasée, lui murmura un « je t'aime » , et sortit de l'appartement. Elle devait être fixée, maintenant.
La pharmacie ne se trouvait qu'à deux minutes à pied de l'immeuble, même pas. Elle fit donc rapidement le trajet, et lorsqu'elle demanda à la pharmacienne un test de grossesse, elle eut la désagréable impression qu'elle la prenait pour une fille de 15 ans. Elle paya, remercia la dame d'une cinquantaine d'années, et sortit. Deux minutes plus tard, elle était de nouveau devant la porte de son appartement. Elle entra, posa son sac à côté de la porte et se dirigea directement dans la salle de bain.

« Plus que trente secondes. »

Fixant sa montre accrochée à son poignet, Aria attendait. Voilà, c'était bon, elle pouvait regarder. Mais elle n'osait pas; Elle avait peur de voir cette couleur, peur de la comparer avec celle sur l'emballage, peur de découvrir que c'était bien vrai, qu'elle était enceinte. Allez, un peu de courage. Elle inspira à fond et regarda le test, posé à côté de l'évier. Elle prit ensuite l'emballage et compara les couleurs. Son cœur s'accéléra. Bon, voilà, elle était fixée. Heureuse ? Mouai, disons ça comme ça...

La porte de la salle de bain s'entrouvrit. Elle n'avait pas besoin de lever les yeux, elle savait que c'était Joe. Assise sur la cuvette des toilettes, tenant toujours le test de grossesse entre ses mains, elle poussa un soupir, et finit par murmurer.

« Bon, je suis fixée...c'est positif. »

Aria le remerciait pour quelque chose qui à ses yeux était tout à fait naturelle et normale. Il était là pour elle ? Mais heureusement ! Jamais l’idée de l’abandonner dans une telle situation, délicate, inconnue, et même effrayante, ne lui avait, ô grand jamais, traversé l’esprit. Lui ? Partir en courant ? Ca n’était pas son genre… Il assumait sa part de responsabilité dans ce petit incident ; cet imprévu. Mais ses mots le touchaient… Il voyait cette sensibilité qui la caractérisait tant, et elle en était encore plus belle. Joe ne voulait pas la brusquer, il savait que c’était une grave décision qu’elle se devait de prendre, et qu’il ne fallait pas se précipiter. Elle avait sans aucun doute encore un peu de temps devant elle, avant de se retrouver face à un choix quasiment imposé.

Elle s’était reculée, esquissant un léger sourire, et soumettait alors l’idée de se rendre à la pharmacie, pour acheter un de ces fameux tests. Joe se contenta d’hocher la tête en guise de réponse, encore un peu perdu. Il prenait sur lui pourtant, et essayait d’être cette épaule si rassurante sur laquelle Aria allait pouvoir s’appuyer. Mais il doutait de lui et de ses capacités à le faire, n’étant vraiment pas sûr d’y arriver. Avant de partir, elle déposa un baiser sur sa joue, lui murmura un « je t’aime » et fila. Joe resta planté là, se tournant juste vers le lavabo, s’appuyant tout contre. Il soupira doucement, passa une main sur son visage et releva le regard pour observer son reflet dans le miroir. Non mais quelle surprise… Et dire qu’il y avait 20 minutes de ça il était paisiblement installé sous les draps, cherchant la belle de son cœur à tâtons, sortant doucement de son profond sommeil. Et là, paf ! Il apprenait qu’il allait peut-être devenir papa. Le choc !

Le temps durant lequel Aria s’était absentée lui sembla être une éternité. Il avait quitté la salle de bain, se laissant tomber dans le canapé, en essayant de s’en remettre, de mettre un peu d’ordre dans ses pensées si brouillons. Comme si cette annonce avait eu l’effet d’un strike, chamboulant tout ce qu’il avait pu construire. L’attente de la voir revenir fut horrible, mais ce qui suivit, fut pire que ça : carrément insupportable ! Il avait tourné en rond, encore et toujours, alors qu’Aria, elle, s’était enfermée dans la salle de bain. Peut-être que les symptômes avaient été interprétés trop vite… Peut-être que… Tsss ! Il ne savait plus quoi penser.

Il ne tenait plus en place, il devait savoir ce qui se passait. Jetant un coup d’œil sur le cadran de l’horloge, il jugea qu’il pouvait désormais la déranger, faire son curieux, et même plus : son impatient. Il avait le droit de savoir, il voulait la soutenir, même dans cette attente pesante, ampli de doutes. Il se dirigea donc vers la salle de bain, et poussa doucement la porte. Sur le coup, il fut incapable de prononcer le moindre mot. Aria lui épargna cela, annonçant clairement de quoi il en retournait.

Enceinte… Elle était donc enceinte, et dans le cas où elle voulait le garder, il se retrouvait père. La peur mêlé à une part de joie s’empara de lui, et ce instantanément. Elle le lui avait dit à voix basse, après avoir lâcher un soupir significatif. Il passa une main dans ses cheveux, et s’avança, entrant davantage dans la salle de bain, et la rejoignit. Il s’accroupit, afin de pouvoir capter plus facilement son regard. Dans un geste doux et rassurant, il vint chercher sa main, l’emprisonnant dans la sienne.

« Hey… Ca va aller ? »

Il sentait ce léger malaise, et se sentait impuissant face à cela. Il n’avait envie que d’une seule chose : la prendre dans ses bras et lui promettre un avenir sûr et sans souci, l’avenir qu’elle méritait, dans le bonheur et l’insouciance.

Réalisant qu'elle tenait toujours le test de grossesse en main, elle le lança droit dans la poubelle, se trouvant juste à côté d'elle. Mais elle voyait toujours cette couleur devant ses yeux, ce mot écrit sur le paquet. « Positif. » Elle n'arrivait pas à se le sortir de la tête, et ça la rendait dingue. Elle, devenir maman ? Elle n'avait que 2o ans après tout.

Joe s'approcha d'elle et s'accroupit, de façon à se retrouver à sa hauteur. Aria le regarda un moment, resserrant l'étreinte de sa main dans la sienne. Si ça va aller ? Elle n'en savait trop rien; En même temps, comment pouvait-elle savoir ce qui allait se passer ? Si elle gardait cet enfant, peut-être qu'elle ferait de toute manière une fausse couche et le perdrait ; ou bien elle grossirait jusqu'à être incapable de monter les escaliers de l'immeuble sans avoir besoin d'être poussée tellement elle aurait du mal, puis l'enfant daignerait enfin sortir de son cocon, dans des cris, des larmes & du sang. Réjouissant. Mais en même temps, si elle choisissait l'autre option, à savoir avorter, elle avait peur de le regretter. Ils pouvaient toujours...refaire un enfant, qu'ils désireraient cette fois-ci, et le jour où ils se sentiraient prêts à devenir parents.

Après quelques longues secondes de silence, la jeune femme finit par acquiescer. Tout allait bien se passer, quoi qu'elle décide. Elle était désormais fixée, certaine qu'un être était en train de grandir et prendre forme dans son ventre, c'était déjà ça. Après, décider si oui ou non, elle allait le garder, ils allaient le garder, ce n'était pas une décision à prendre à la légère. D'autant plus que c'était une décision qui pouvait bouleverser sa vie entière.

Muse - Supermassive Black Hole

Aria leva brusquement la tête et regarda Joe, se demandant si c'était lui qui venait de chanter. Mais non, il n'avait rien dit du tout, ce n'était pas sa voix, elle était bien trop aiguë. Elle fronça les sourcils, et réalisa enfin ce que c'était. La sonnerie de son portable. Qui pouvait bien l'appeler à cette heure là du matin ? Une seule personne.
Elle se leva doucement et se dirigea vers sa chambre ; Muse résonnait dans tout l'appartement, et Aria ne parvenait pas à trouver son portable. Après quelques instants de recherches, elle se souvint qu'elle l'avait mis dans son sac pour aller à la pharmacie. Elle marcha donc jusqu'à l'entrée, où elle trouva son sac négligemment balancé sur le sol, elle le ramassa et sortit son portable, puis finit par décrocher.

Une conversation très brève avec sa mère plus tard, et elle raccrocha. Non, ce n'était pas le moment qu'elle vienne la voir pour s'occuper de son chat, et non elle n'avait pas envie de venir avec elle à une exposition de nus. Non merci. Sa mère avait toujours été très farfelue, et avait des passions qui étaient loin de passionner Aria. Oh Mon Dieu. Et si elle gardait cet enfant, sa mère deviendrait grand-mère. Avoir une grand mère comme Jessica Montgomery...il ne vaut mieux pas en parler.

Aria se retourna, et se retrouva nez à nez avec Joe, qui se trouvait juste derrière elle. Elle sursauta, et posa sa main sur sa poitrine. Elle avait eu peur.
Un drôle de bruit se fit ensuite entendre, et Aria baissa les yeux...sur son ventre. Elle avait faim. Encore. Levant les yeux vers l'horloge du salon, elle constata qu'il était désormais 8 heures 30. Elle posa une main sur son ventre et se mordit la lèvre, avant de regarder Joe. Mmm. Elle le trouvait...délicieux. Ok, on va se calmer. Du moins essayer.

« Hum..Je vais aller préparer le petit déj'. »

Ce qu'elle voulait manger au petit déjeuner ? Un Joe recouvert de chocolat. Non et non. Essayant de faire abstraction des pensées...plus ou moins bizarres qui venaient d'envahir son esprit, elle passa devant Joe, voulant se diriger vers la cuisine. Sa main frôla la sienne, et elle se retourna. Elle regarda Joe un long moment en silence, se demandant ce qu'il pensait. Ne pouvant résister plus longtemps, elle se mit sur la pointe des pieds et colla ses lèvres aux siennes. Le petit déjeuner pouvait attendre, non ?

Que pouvait-il faire de plus que d’être présent, et s’assurer qu’elle allait bien ? Il n’en savait rien… Tout simplement car cette situation lui était totalement inconnue, que part bonheur vu son jeune âge, il n’y avait jamais encore fait face, et qu’il se posait désormais un tas de questions. Adoptait-il la bonne attitude ? Avait-il la bonne réaction face à tout ça ? Une chose est sûr, il comprenait pourquoi tant d’hommes dans son cas partaient en courant. C’était franchement flippant. Ce qui le différenciait des autres était le fait qu’il n’était pas lâche, et de surplus, il était amoureux. Quand on aime on se sent capable de tout affronter, n’est-ce pas ? Et là, bébé ou non, une chose était certaine dans son esprit et dans son cœur, jamais il ne la laisserait.

Le portable de la belle sonna, et cette dernière se leva, le quittant pour aller décrocher. Joe quant à lui, resta ici, se perdant quelque peu dans ses pensées. Il avait vraiment du mal à encaisser la nouvelle, à s’imaginer la suite des évènements, et pourtant il demeurait un sentiment de bonheur, si ce n’est même de fierté, dans son cœur. Non pas que faire un enfant à une femme était quelque chose d’extraordinaire pour lui… Il se plaisait juste à cette simple idée qu’un bout de chou, un savant mélange de ce couple qu’ils formaient, le fruit d’un amour sincère, poussait et grandissait dans le ventre de cette jeune femme qu’il aimait tant. Ca pouvait paraître stupide, et pourtant la peur n’y faisait rien. Aucune crainte ne semblait tuer ce sentiment, même s’il restait infime.

Il finit par rejoindre Aria, qui semblait tout faire pour écourter sa conversation téléphonique. Il esquissa un léger sourire à cette vision, remarquant alors avec quelle facilité elle le faisait, et se rapprocha. Quand elle se retourna, elle sursauta, ce qui amusa d’autant plus notre beau brun. Il allait devoir faire plus attention désormais, annonçant le moindre de ses gestes, le stresse étant très mauvais pour une future maman. Cette dernière semblait d’ailleurs avoir un petit creux, annonçant qu’elle allait préparer le petit déjeuner. Joe acquiesça d’un signe de tête, et lorsqu’elle passa tout près de lui, n’hésita pas à venir chercher sa main dans un légère caresse. Il eut alors droit à un regard, qui sembla figer le temps. Il ne disait rien, soutenant simplement le regard de sa belle, jusqu’à ce qu’elle l’embrasse avec douceur, montant sur la pointe des pieds. Automatiquement les mains de Joe se posèrent sur sa fine taille, l’enlaçant avec tendresse.

Plus de petit déjeuner, plus la moindre envie de bouger… Il voulait rester ici même, la gardant à jamais dans ses bras, profiter de ce doux instant, où l’un comme l’autre se montrait plus que sincère partageant leurs craintes et leur amour à travers ce baiser. Joe se contentait dans peu, tant qu’elle le lui offrait, que cela venait d’elle. Et si elle décidait de lui offrir un enfant, de le faire père, il en serait l’homme le plus heureux et fier de tout Sacramento ! Cela ne dépendait que d’elle, et quoiqu’elle veuille faire, il la soutenait. Certes, elle pouvait bien mettre en avant qu’il avait lui aussi son mot à dire, il ne venait qu’en second, il comptait bien moins à ses yeux. Tant qu’elle allait bien et qu’elle l’aimait, il n’avait rien à redire.

« Je t’aime… »

murmura-t-il d’une voix posée et rassurante.

[Piouf, trop... Bref, je vais me cacher !]